Amyris
homme

Début janvier en Sicile, les champs de mandariniers offrent un paysage quasi-irréel : des rangées d’arbustes verts ponctués de fruits jaunes orangés s’étalant à perte de vue entre mer et montagne. Ce Citrus reticulata fut importé d’Asie début XIX^e siècle. Selon la légende, son nom viendrait de sa couleur, identique aux robes d’apparat des Mandarins chinois. Les composés odorants contenus dans son écorce sont extraits à froid, en pressant sa peau pour en obtenir l’essence. Celle-ci présente des facettes hespéridées, zestées mais aussi vertes, sucrées et légèrement soufrées. Cette note de tête pétillante et joyeuse embellit aussi bien une Cologne qu’un parfum oriental qu’elle dynamise.

Cet arbrisseau endémique du pourtour méditerranéen était déjà très prisé au Moyen Âge, cultivé par les moines dans les jardins des simples ; il servait notamment d’antiseptique et de tonifiant. Mélangé à de l’alcool, Rosmarinus officinalis fut aussi le composant majeur de L’Eau de la Reine de Hongrie au XIV^e siècle, réputée pour ses prétendues vertus rajeunissantes. L’essence est obtenue après distillation de ses sommités florales. Celle-ci a des inflexions fraîches, aromatiques, herbacées, camphrées et légèrement boisées. Note de tête, le romarin rentre dans la composition de certaines Cologne et de nombreux parfums masculins.

Provenant du pistil d’une variété de crocus, cette épice la plus chère du monde est surnommée « l’or rouge ». On n’utilise pas le safran naturel en parfumerie, car il contient du safrol, un composé très allergisant. Mais on reproduit son effet avec un de ses dérivés, le safranal. Son parfum très puissant est amer et légèrement métallique, soufflant le chaud et le froid sur le reste de la composition avec aussi une facette cuirée, goudronnée. Francis Kurkdjian aime son effet en tête qui casse les notes sucrées des hespéridés. Il est souvent associé aux parfums à base de Oud et aux accords ambrés orientaux.

Son nom sonne comme celui d’une déesse égyptienne et pourtant il est originaire des Caraïbes, d’Haïti notamment. Là-bas, les pécheurs locaux le surnomment poétiquement « bois chandelle » car ils l’utilisent en guise de torche grâce à ses propriétés hautement inflammables. Certains parlent aussi parfois de santal des Antilles. Sans doute car une fois distillé, l’Amyris balsamifera exhale des effluves doux oscillant entre le cèdre et le santal épicé, légèrement fumé. Une classification dans les bois qui détonne avec son genre botanique, la famille des rutacées, à laquelle appartiennent aussi les agrumes.

C’est l’odeur typique qui se dégage lorsque l’on taille un crayon à papier : boisée, sèche, légèrement épicée et onctueuse. Ce cèdre d’Amérique du Nord, aussi appelé cèdre rouge car c’est la couleur de son bois, est de la famille des genévriers, Juniperus Virginiana. Il existe plusieurs types de cèdres exploités en parfumerie, mais celui-là intervient en coeur et en fond ce qui donne une sorte de verticalité à son thème boisé. Il est assez différent des deux autres grandes variétés utilisées en parfumerie, le cèdre Texas, plus sec, le cèdre Atlas, animal et cuiré ou le cèdre de Chine, fumé.

Cette matière première luxueuse provient du Dipteryx odorata, un arbre endémique de l’Amérique tropicale. Les populations locales doivent pénétrer dans la jungle pour cueillir son fruit mûr tombé à terre. Après macération alcoolique puis séchage, celui-ci livre son noyau, une fève noire ridée, la tonka. Elle développe peu à peu ses arômes, dont ceux de sa principale molécule odorante, la coumarine : poudrée, amandée doublée d’un effet foin, tabac, légèrement miellé et fumé. Sa facette gourmande peut rappeler la pâte sablée un peu vanillée et sucrée. Son absolue, obtenue par extraction aux solvants volatils, est l’une des notes de fond les plus sensuelles.

Si dans le cœur des parfumeurs la rose est la reine des fleurs et le jasmin le roi, alors l’impératrice en est l’iris. Ce n'est pourtant pas sa fleur qui est utilisée, mais son rhizome, c'est-à-dire sa racine. La parfumerie exploite l’iris pallida, originaire de la région de Florence en Italie. Après 3 années de culture en terre, les rhizomes d’iris sont séchés puis broyés avant d’être distillés pour obtenir une essence à la consistance épaisse, également appelée beurre d’iris. Cette longue transformation et un rendement des plus faibles en font une des matières les plus chères de la palette du parfumeur. L’extrait d’iris offre une note florale très particulière, entre fleur de violette et bois tendre, avec des facettes très poudrées et légèrement chocolatées, cacaotées. Dotée d’une rémanence hors norme, l’iris peut être utilisée en dose infime pour apporter du volume ou en plus grande quantité pour soutenir un accord floral ou boisé.